Le Qi Gong

qigong

Le terme qi gong peut être traduit par qi/souffle, énergie et gong/travail, maîtrise, donc par l'expression maîtrise de l'énergie ou encore travail du souffle.

Le chi-kong est connu depuis plus de 3000 ans. Il fait partie du patrimoine de la médecine traditionnelle chinoise. C’est un art thérapeutique basé sur les mêmes principes que l’acupuncture, dont le but est de rétablir dans le corps une circulation énergétique fluide. Il s’agit d’une gymnastique douce et lente, accompagnée d’un travail mental de concentration, de détente et de respiration.
Ses premiers effets bénéficient surtout à notre santé et à notre longévité. Cet art se fonde sur des réalités physiologiques mises en lumière par des recherches scientifiques très sérieuses de la Chine d’aujourd’hui.

 

Les origines

Le terme qi gong lui-même est apparu tardivement, au début du 20ème siècle, afin de regrouper des pratiques diverses liées au travail de l'énergie. Le mot le plus ancien pour désigner le qi gong est Dao Yin.

Le Yi Jing, en 1122 avant J.C., est probablement le 1er livre chinois à parler du qi. Il énonce les 3 sources naturelles d'énergie : Tian (le ciel), Di (la terre) et Ren (l'homme). Peu après Lao Zi mentionne plusieurs techniques de respiration dans son classique Dao De Jing. Il indique que, pour entretenir sa santé, il faut se concentrer sur le qi et développer la douceur.

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Manuscript Dao Yin retrouvé dans une tombe, dynastie Han

Vers 300 avant J.C., le philosophe taoiste Zhuang Zi évoque également les liens entre santé et respiration, confirmant ainsi que les pratiques de respiration faisaient partie du quotidien des sages taoistes.

Durant les dynasties Quin et Han (221 av. J.C. - 220 ap. J.C), de nombreux ouvrages traitent du qi gong médical, souvent conjointement avec l'acupuncture.

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Zhuang Zi

En 58 après JC, le bouddhisme, provenant d'Inde, s'installe en Chine. L'empereur Han devient un bouddhiste fervent. Des techniques de méditation ainsi que des pratiques de qi gong, étudiées depuis des milliers d'années en Inde sont également intégrées à la culture chinoise. Les temples bouddhistes enseignent alors de nombreuses techniques de qi gong. Malheureusement, une grande partie de ces enseignements étaient gardés secrets et réservés aux moines et pendant des centaines d'années les laïques n'ont pu y avoir accès. C'est seulement au cours du 20ème siècle qu'une partie de ces enseignements devient accessible à tous.

Durant le 3ème siècle après JC, un médecin célèbre, nommé Hua Tuo, utilise l'acupuncture pour réaliser une anesthésie en vue d'une intervention chirurgicale; pendant la même période, le taoiste Jun Qian étudie les mouvements des animaux pour créer le Wu Qin Xi (mouvements des 5 animaux) qui permet d'améliorer la circulation du Qi; un autre médecin, Ge Hong, montre dans un livre comment conduire et augmenter le Qi en utilisant son esprit.

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Ge Hong

Au cours de la dynastie Liang (502-557), l'empereur invite un moine bouddhiste indien nommé Da Mo (Boddhidarma), qui, en désaccord avec l'empereur se retire au temple de Shaolin. Il y trouve des moines en mauvaise santé, faibles. Après 9 années de méditation il crée des mouvements afin d'améliorer la condition physique des moines : il s'agit de deux classiques du Qi Gong, qui sont toujours pratiqués aujourd'hui, le Yi Jin Jing (méthode de développement et tonification des tendons et muscles) et le Xi Sui Jing (méthode de nettoyage de la moelle et de tonification du cerveau). La finalité de ces méthodes est à la fois physique et spirituelle (atteindre l'illumination). Ces méthodes furent

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Da Mo

ensuite intégrées à des pratiques martiales. Les moines de Shaolin ont par la suite créé les 5 styles d'animaux, du Gong Fu (tigre, léopard, dragon, grue et serpent).

En dehors du monastère, le Qi Gong continue de prospérer durant les dynasties Sui et Tang (581-907) : Chao Yuan-Fang compile une véritable encyclopédie des méthodes de Qi Gong (plus de 260 manières permettant d'augmenter la circulation du Qi sont décrites), Sun Si-Mao décrit la méthode pour diriger le Qi, et décrit également l'utilisation des Six Sons ainsi qu'une technique de massage (les 49 techniques de massage de Lao Zi).

Durant les dynasties Song, Jin et Yuan (960-1279), on attribue à Chang San-Feng la création du Tai Chi Chuan. Le Tai chi suit une approche différente du Qi Gong de celle de Shaolin : Shaolin développe le Wai Dan (elixir externe), alors que le Tai Chi développe le Nei Dan (elixir interne).

A la fin de période Song, Yue Fei est crédité de plusieurs techniques de Qi Gong interne et martial, dont les célèbres Huit Pièces de Brocart, encore pratiqué aujourd'hui.

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Yu Fei

A partir de là et jusqu'en 1911 (fin de la dynastie Qing) de nombreux autres styles de Qi Gong furent créés. Les plus connus sont : Hu Bu Gong (marche du tigre), Shi Er Zhuang (les 12 postures), Jiao Hua Gong (le Qi Gong du mendiant). De nombreux ouvrages sont également publiés : Bao Shen Mi Yao (le traité fondamental de protection du corps) par Cao Yuan-Bai, qui décrit des postures dynamiques et statiques, Yang Shen Fu Yu (une brève introduction pour nourrir le corps) par Chen Ji Ru, sur les 3 trésors ( Jing, l'essence, Qi l'énergie interne, Shen l'esprit).

A la fin de la dynastie Ming (vers 1640) un style martial de Qi Gong est créé : le Huo Long Gong (le Qi Gong du Dragon de Feu). A la fin de la dynastie Qing apparaît le Ba Gua Zhang, un style martial interne, créé par Dong Hai-Chuan (1813 - 1882).

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Dong Hai-Chuan

A partir de 1911, et avec l'ouverture de la Chine à la culture occidentale, de nombreuses méthodes de Qi Gong sont désormais enseignées librement. De nombreux ouvrages, auparavant secrets, sont publiés.